Développement des MOOC : quelles implications pour l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne ?

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Le campus numérique francophone (CNF) de Yaoundé a acueilli du 2 au 6 novembre 2015, une mission de deux experts du projet "MOOC Afrique", Marie Stavroulakis et Nicolas Roland. Chercheur en Sciences de l'éducation à l'Université libre de Bruxelles (ULB, Belgique), M. Roland est également responsable de l'équipe "ULB Podcast" qui est en charge du support techno-pédagogique des enregistrements de cours à l'ULB, de la production et de la diffusion de podcats ainsi que du développement des MOOC (Massive open online course). Mme Stavroulakis est chercheuse principale dans le projet "Mooc Afrique".

Vous êtes à Yaoundé dans le cadre du projet de recherche « MOOC Afrique ». De quoi s’agit-il ?

Nicolas: Le projet de recherche « MOOC Afrique », financé par le Fondation Alain & Marie Philippson ainsi que le Bureau Europe de l’Ouest de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), a pour objectif d’évaluer dans quelle mesure les MOOC pourraient offrir une réponse adaptée aux problématiques de l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne et en corollaire, toucher également d’autres publics.

Marie: En effet suite au succès des premiers MOOC sur le continent africain et la volonté de certaines institutions de produire ces cours à destination des populations africaines, nous avons pensé qu’il était nécessaire d’étudier ce contexte particulier ainsi que les besoins réels de ce public cible. Notre volonté est de fournir un éclairage sur ces besoins afin de développer une réponse adaptée en termes techniques, pédagogiques et de développement. Pour ce faire, il est selon nous, indispensable d’impliquer les acteurs concernés dans cette réflexion. Au terme de notre recherche, nous fournirons une série de recommandations qui guideront les futurs projets de réalisation de MOOC nous l’espérons, par l’Afrique.(…)

 

Vous êtes aujourd’hui au Cameroun… Est-ce le premier bénéficiaire de ce programme ?

Nicolas: À l’heure actuelle, il ne s’agit pas encore de trouver des « bénéficiaires » ou des « partenariats ». Nous sommes à Yaoundé car notre approche scientifique se base sur la méthodologie de l’audit à visée partivipative. Nous souhaitons réfléchir avec les différents acteurs locaux (…) aux manières de concevoir des MOOC en Afrique, de mieux prendre en considération les différents besoins des participants d’Afrique subsaharienne et surtout, de réfléchir aux implications du développement de tels dispositifs pour l’enseignement supérieur.

 

Dans les faits, comment votre travail se déroule-t-il sur le terrain ?

Marie: Le Cameroun est en quelque sorte la deuxième phase de la recherche. Dans un premier temps, nous avons beaucoup lu afin de faire un état de l’art des travaux à propos de l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne, des différentes contraintes d’accessibilité auxquelles la région est confrontée, des formations à distance dispensées ici, des premiers MOOC développés ou encore de la participation d’étudiants africains dans des MOOC dits « occidentaux ». Après cette phase de lecture, notre mission au Cameroun avait pour objectif de discuter avec les acteurs locaux que citait Nicolas, des points qui dans la littérature, sont peu étayés ou porteurs d’enjeux. Ces discussions, sous forme d’entretiens individuels ou de groupes, permettent de faire émerger des convergences et des divergences sur ces thématiques. Ces éléments, nous allons les exploiter ensuite dans des questionnaires.

Nicolas: Effectivement notre objectif serait de mener nos travaux dans un maximum de pays d’Afrique subsaharienne. Pour ce faire, nous allons élaborer des questionnaires sur la base des éléments mis en exergue lors de notre mission au Cameroun. Nous allons ensuite les envoyer au maximum d’acteurs africains notamment par l’intermédiaire des campus numériques francophones de l’AUF qui ont un bon encrage dans les pays et de bons contacts avec les acteurs locaux. Dans un quatrième temps, nous irons au Sénégal dans le courant du mois de décembre pour approfondir qualitativement , c’est-à-dire par le biais de nouveaux entretiens, les premières tendances qui émergeront de nos questionnaires. Après une phase d’analyse à la fois qualitative et quantitative, nous produirons une série de recommandations que nous ferons à nouveau relire et commenter par des acteurs locaux de différents pays.

 

Quelle est à votre avis la valeur ajoutée pour l’enseignement supérieur et dans un sens plus large, pour les systèmes éducatifs des pays ciblés ?

Marie: cela reste à déterminer… Nous devons essayer de décrire, comprendre et analyser cette possible valeur ajoutée des MOOC. Possible en effet, car la recherche pourrait arriver à la conclusion que le développement de MOOC en Afrique par des universités africaines n’est pas souhaitable pour un ensemble de raisons. Nous sommes chercheurs, pas des promoteurs des cours en ligne ouverts et massifs.

Nicolas: De nombreuses formations à distance sont d’ailleurs déjà offertes en Afrique subsaharienne. Les acteurs ont une expertise dans la conception de ces dispositifs… Il faut réellement se poser la question de l’intérêt des MOOC par rapport aux FOAD.

 

Quelle est votre prochaine destination dans le cadre du projet « MOOC Afrique »?

Marie: Comme Nicolas l’indiquait, ce sera le Sénégal, du 30 novembre au 6 décembre. Cette phase nous permettra de rencontrer de nouveaux acteurs et de découvrir un nouveau système éducatif avec pour objectifs d’étayer et de comprendre les premières tendances des questionnaires que nous aurons fait passer dans différents pays d’Afrique subsaharienne. Si certains de vos lecteurs peuvent être intéressés par une discussion à propos des MOOC, nous serons principalement au CNF de Dakar.

 

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Date de publication : 16/11/2015

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