Entretien avec Pr. Oumar Sock, membre du Conseil scientifique de l’AUF

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Professeur Oumar Sock est actuellement membre du Conseil Scientifique de l'AUF et secrétaire perpétuel de l'Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal. Impliqué dans la rédaction des premières programmations quadriennales de l'Agence et l'implantation des Campus numériques francophones (CNF) en Afrique de l'Ouest dans le monde francophone par le biais de ses différents mandats dans les instances de l'AUF, il a également participé à la création du CNF partenaire de Ziguinchor en tant que recteur de l'Université Assane Seck. Professeur Sock partage avec nous son expérience et sa vision de l'AUF pour l'enseignement supérieur en Afrique de l'Ouest et dans le monde.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Professeur Oumar Sock, spécialisé en chimie analytique. J’ai enseigné à l’Université Paris 12 de 1979 à 1987 et à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) de 1987 à 2009. J’ai également été directeur de l’École Normale Supérieure d’Enseignement Technique et Professionnel (ENSETP, UCAD) de 1990 à 1995 puis de l’École supérieure polytechnique (centre de Dakar et Thiès) de 1995 à 2003. Enfin, j’ai été Recteur de l’Université Assane Seck de Ziguinchor de 2009 à 2013 et Directeur général de l’Enseignement supérieur de début 2013 à fin 2014. J’ai également été Président de la Conférence internationale des Formations d’ingénieurs et de Techniciens d’expression française (CITEF), réseau « Sciences de l’Ingénieur » de l’AUF, de 2004 à 2012. Depuis décembre 2015, je suis secrétaire perpétuel de l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal.

Quel est votre parcours scientifique ?

J’ai fait une maîtrise de Sciences physiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 1976 et ensuite obtenu en 1977 un Diplôme d’Études Approfondies à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg où j’ai soutenu une thèse de troisième cycle en 1979. Ensuite, j’ai été enseignant-chercheur à l’Institut Universitaire de Technologie (IUT) de l’Université Paris 12 (Créteil), au département « Mesures physiques ». Puis, j’ai soutenu ma thèse de doctorat d’État à Paris 12, en 1986, et enseigné à l’École Supérieure Polytechnique de Dakar (ENSUT à l’époque) avant d’y occuper des fonctions administratives.

Quel a été votre parcours au sein du Conseil scientifique de l’AUF et quel regard portez-vous sur cette instance?

J’ai eu l’honneur et le privilège d’être l’un des plus anciens membres du CS où j’ai d’abord eu à siéger de 1994 à 2000. En 2001, j’ai été retenu pour assurer la transition entre l’ancien et le nouveau conseil scientifique lors de la réforme de l’Agence, pour deux nouveaux mandats (2001-2007) au cours desquels j’étais aussi membre du bureau du CS.

De 2009 à 2013, j’ai été élu au conseil associatif au titre de président du réseau CITEF. L’année d’après, j’ai été choisi à nouveau dans le Conseil Scientifique sur proposition de la CITEF ; mon mandat se terminera à la fin de cette année 2016. Vous voyez : c’est donc un long compagnonnage avec l’AUF et cela m’a énormément apporté. En particulier, j’ai eu l’honneur de participer effectivement à six Assemblées générales consécutives de l’Agence : Abidjan (1993), Beyrouth (1998), où l’AUPELF-UREF devient AUF, Québec (2001), Phnom Penh (2005), Bordeaux (2009) et Sao-Paulo (2013). J’ai également eu la chance et le plaisir de travailler pour l’Agence aux côtés de personnalités de haute facture scientifique et humaine, notamment les présidents Abdelatif Benabdeljalil, Michel Gervais, Arthur Bodson, Jean Dubois de Gaudusson, Charles Gombe Mbalawa, Yvon Fontaine, Abdelatif Miraoui, et les recteurs Michel Guillou, Michèle Gendreau-Massaloux, Bernard Cerquiglini, et aujourd’hui Jean-Paul de Gaudemar.

Le Conseil scientifique est une instance universitaire qui donne un avis scientifique sur tous les dossiers de l’AUF, transmis ensuite au Conseil d’Administration qui, en général, les prend en compte. Il a un rôle-clé dans la vie de l’AUF et un grand souci d’objectivité.

Vous êtes en charge de l’évaluation du CNF partenaire de Saint Louis. Comment percevez-vous le rôle des Campus numériques Francophones à l’avenir ?

Je pense que le volet accès à des documents primaires, recherche bibliographique, accès à des banques de données pour les abonnés doit perdurer. En effet, compte tenu de leur coût, leur accès est limité. L’hébergement d’entreprises naissantes, les bureaux virtuels, les CLOMs (cours en ligne ouverts et massifs, MOOCs en Anglais), les FOAD (formations ouvertes et à distances) pour les regroupements des apprenants et les examens, sont également des pistes de réflexion envisageables pour les CNF et les CNFp. L’autofinancement de ces structures doit en même temps être recherché afin d’assurer leur pérennité. L’AUF a, avec les CNF notamment, une expertise avérée dans le Numérique et ses applications, et doit voir comment continuer à en faire bénéficier ses établissements membres. C’est là une mission-clé de l’Agence, en parfaite cohérence avec le triptyque prôné par ses nouvelles autorités : innovation, expertise, partenariat.

D’après vous, quels sont les principaux défis des établissements d’enseignement supérieur dans la région Afrique de l’Ouest ?

Dans la région Afrique de l’Ouest et même en Afrique en général, il y a une très forte demande d’accès à l’enseignement supérieur. Celle-ci est plus forte que la capacité d’accueil des universités. Le grand défi est donc de trouver des solutions pour faire face à cette augmentation. En même temps, il y a un déficit d’étudiants lorsque l’on ramène leur nombre à la population du pays (2 % de la population dans l’enseignement supérieur, préconisé par l’UNESCO).

Le deuxième défi est la qualité des formations et l’insertion professionnelle des diplômés. Une formation est de qualité lorsqu’elle est délivrée en respectant certains standards, notamment l’insertion du diplômé. Or, dans les pays d’Afrique de l’Ouest, ils ont des difficultés à s’insérer ; d’où l’intérêt du programme Bureau virtuel d’appui à l’insertion professionnelle (BVAIP), particulièrement pertinent.

On mentionnera aussi le défi de l’éducation numérique, qui doit venir en complément de la formation en présentiel pour permettre de faire face au grand nombre d’étudiants.

Plus généralement, l’AUF est en train d’élaborer une stratégie pour la période 2018-2021, avez-vous des sujets ou des suggestions qui vous tiennent à cœur ?

L’AUF doit continuer de permettre aux universités, en particulier celles du Sud, de se développer et d’améliorer la qualité de leurs formations et de leurs recherches, avec une bonne assurance-qualité. Il faut favoriser les collaborations entre universités (nord-sud, sud-nord et sud-sud) pour permettre un enrichissement mutuel. Il faut aussi continuer à développer les cours en ligne en français, très peu présents. C’est pourquoi je soutiens le projet IDNEUF, qui développe le numérique pour l’enseignement et la recherche.

Il faut également développer les partenariats pour garantir la pérennité des programmes de l’AUF. Il faut enfin renforcer la communication pour mieux faire connaître les nombreux projets et activités de l’Agence.

Pour finir, pouvez-vous nous présenter brièvement l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal et les partenariats possibles avec l’AUF en Afrique de l’Ouest ?

L’Académie des sciences et techniques du Sénégal a été créé en 1999 ; sa principale mission est le développement des sciences et des technologies et le conseil aux autorités gouvernementales et privées.

Nous avons institué le Prix aux meilleures thèses des écoles doctorales (ED) du Sénégal, et le Prix Souleymane Niang de Mathématiques ; nous organisons des colloques et de nombreuses rencontres pour diffuser et vulgariser la Science. Nous pouvons donc collaborer avec l’AUF en Afrique de l’Ouest pour le développement des ED et la vulgarisation scientifique. Ainsi, nous sommes en train d’organiser avec l’AUF et d’autres partenaires (Fonds de recherche du Québec, CRDI, UNESCO, ICSU, Nouvelle-Zélande, etc.) un atelier de formation pour l’Afrique francophone visant à créer une capacité en conseil scientifique aux gouvernements, prévu en mars 2017. Nous sommes aussi, au même titre que l’AUF, dans le comité d’organisation de la fête de la science.

Nous souhaitons renforcer cette collaboration pour le développement de la formation universitaire, la recherche et les services à la société.

 

Entretien réalisé le 22 septembre 2016, à Dakar (Sénégal).

 

Date de publication : 09/11/2016

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