Synthèse du 18ème colloque du GISGUF par M. Bernard CONTAL

Le 18ème colloque international du Groupement international des Secrétaires Généraux des Universités Francophones (GISGUF) s’est tenu du 24 au 28 avril 2012 à l’Université Saint?Joseph de Beyrouth (Liban) en présence du Recteur de l’AUF, Monsieur Bernard Cerquiglini. Au coeur des débats, les enjeux environnementaux des nouveaux campus, la question des conditions de vie étudiante, le développement territorial, les impacts de l’université sur la société, l’université moteur d’innovation.En tête d’affiche, un congrès dont la programmation «L’Université et le service à la collectivité: une approche du développement durable » témoigne de la volonté de la profession d’apporter des réponses à des enjeux sociétaux majeurs ainsi qu’aux préoccupations de plus en plus grandes de la communauté universitaire à cet égard.

Synthèse

« Comme à la fin de chaque colloque, je vous présente la synthèse de ce dernier, exercice toujours difficile, qui tente de lier chacune des interventions qui toutes ont été fort intéressantes voire passionnantes.

Dans son discours d’ouverture, M. Stéphane BERTHET, président du Groupement international des secrétaires généraux des universités francophones (GISGUF), en a dressé le cadre. Il souligne bien que la thématique du développement durable est devenue aujourd’hui incontournable et va bien au-delà de la dimension environnementale et du changement climatique dont on parle souvent. C’est un véritable enjeu de société et comme nos amis africains le démontreront, un enjeu politique majeur. Les universités sont particulièrement concernées bien évidement au travers de leurs enseignements, de la recherche mais aussi des expériences qu’elles développent en interne. Le monde de demain se prépare aujourd’hui. Il faut agir. L’université doit ainsi adopter un comportement en adéquation avec les savoirs qu’elle diffuse et cela va bien au-delà de la simple gestion des déchets, de la consommation d’énergie, du papier ou de l’eau. Il s’agit de développer une véritable dimension sociétale pour qu’elle puisse tenir son rôle d’université citoyenne.

Mais avant tout, nous prenons un peu de distance. M. Claude NICOLLIER, astronaute suisse, nous emmène dans un voyage fabuleux dans l’espace. Les mots sont faibles pour décrire la vision de la terre vue du ciel. Les images projetées sont impressionnantes, certaines magiques, pour la plupart d’entre nous inédites alors que toutes les productions spatiales sont du domaine public nous précise l’orateur. La terre vue de l’espace, si belle, si petite et si fragile…Dans l’espace, la splendeur de la planète se révèle. Il y a vraiment une prise de conscience de la petitesse de la planète terre et de sa fragilité – Un hommage est rendu à Youri Gagarine, premier cosmonaute, sans qui il n’y aurait pas eu de commencement – L’espace où des nations coopèrent sans problème alors qu’elles ont tant de mal à travailler ensemble sur terre. Une rencontre nous est réservé avec Hubble, télescope à miroirs lancé en 1990 qu’il faut réparer de temps en temps ou améliorer : un travail difficile dans l’espace. L’espace, un monde parfait ? Non, il y a déjà des alertes de pollution par l’homme bien sûr, ce même homme qui laisse des blessures irréparables sur la terre observée par les cosmonautes : des cicatrices dans la forêt amazonienne, des végétations détruites par le feu en Indonésie. Mais il y l’homme aussi qui est capable de soigner, de construire, comme nous le présente Mme Claude KHOURY de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) : un projet ambitieux d’une université propre en 2025. Un espace partagé entre le minéral et la verdure qui produit sa propre énergie, constitue un engagement fort et un pas dans le futur, sans oublier qu’être pionnier c’est aussi encourager d’autres à suivre la même voie. La verdure est omniprésente, les parkings sont souterrains, c’est un véritable challenge. C’est un défi, une révolution dans les transports, les sources d’énergie, l’architecture et les comportements. Ainsi, le premier processus
de transformation est dans l’éducation et il faut être humble en commençant par des actions
simples comme la gestion des déchets, illustrée par le concours de la « poubelle la plus
écologique ». Mais dans le même temps, un restaurant aux normes écologiques a vu le jour qui
donne bien la mesure de l’ambition du projet global et des capacités de la communauté
universitaire. Un aspect important est le covoiturage, le moyen le plus efficace pour réduire les
pics de carbone, qui fait l’objet d’un programme financé par une société pétrolière privée.
L’ensemble du projet est grandiose, porté par la passion et la foi.
Bien sûr, une des voies pour aboutir à un tel projet est l’acceptabilité sociale, c’est ce que
démontre Mme Francine VERRIER, directrice des relations avec la collectivité à l’École de
technologie supérieure de Montréal. L’acceptabilité sociale est une démarche résultant de la
concertation avec les parties prenantes pour promouvoir une vision collective. Construire
l’acceptabilité sociale, c’est agir en amont des projets. L’université n’agit pas seule. Il faut susciter
et maintenir le désir de la réalisation du projet, en développant une relation de confiance avec les
parties prenantes. C’est ce qui a été mis en oeuvre à l’Ecole de Technologie Supérieure de
Montréal, pour transformer un immense terrain vague en un écosystème propice à l’innovation
pour bâtir un modèle de développement durable. Toutes les parties prenantes ont été intégrées,
aussi bien les acteurs culturels et sociaux que les industries et les PME. Avec beaucoup de savoirfaire
et de savoir être, c’est une réussite.

Une même démarche responsable a été entreprise à l’Université de Neuchâtel, en Suisse, comme
nous le relate M. Bernard ZUPPINGER. L’université s’est engagée clairement dans une démarche
de développement durable avec la création d’une commission de développement durable
regroupant des personnels enseignants et administratifs. Elle a fait valoir notamment ses travaux
de recherche portant sur le développement durable, ainsi que tous les cours ayant trait également
au développement durable. Diverses actions ont été entreprises visant à réduire la consommation
d’énergie comme un service de prêt de vélos, le lancement d’une plateforme de covoiturage en
partenariat avec la ville de Neufchâtel, et un projet de consommation responsable, sans oublier la
responsabilité sociale en développant l’esprit de solidarité financière. Et il faut quelques fois une action qui peut paraître insignifiante ou désuète pour créer un engouement comme une opération « zéro mégot » qui a eu un certain succès. La stratégie de l’université est maintenant bien affirmée et pose comme principe premier que l’université veut soumettre le concept de durabilité à la réflexion critique, afin de mieux se l’approprier.
L’université est bien un moteur d’innovation comme l’expose M. Nicolas MIGNAN, directeur général des services de l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines (UVSQ). Le développement durable est maintenant la marque de fabrique de cet établissement, démarche portée par sa présidente, très impliquée dans ce domaine. L’université a les compétences scientifiques et elle a les compétences pour former aux métiers de demain. L’université française est aussi un acteur de la stratégie nationale dans le cadre notamment du Grenelle de l’environnement, les universités étant obligées de développer un plan vert en relation notamment avec les collectivités territoriales. C’est dans ce cadre européen et national que se situe l’approche innovante de l’efficacité énergétique de l’UVSQ. Le bâtiment étant cause principal de pollution, les campus universitaires sont en ligne de mire sachant que le taux actuel de rénovation du parc immobilier avoisine les 1 à 1.5 % par an et que les simulations montrent qu’une politique volontariste sur les nouvelles constructions permet de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre (GES). L’UVSQ s’est donc engagé sur le front des formations professionnalisantes avec plusieurs licences professionnelles, elle a créé une fondation FONDATERRA, véritable réservoir d’innovation sur le développement durable qui regroupent des universités, des entreprises et des collectivités publiques, enfin elle a signé pour une durée de 25 ans, un contrat de partenariat de performance énergétique avec un groupe international COFELY (GDF-SUEZ). Elle s’est engagée également dans l’approche innovante de la mobilité et du véhicule propre avec plusieurs outils dont trois chaires industrielles et une nouvelle fondation partenariale. C’est une dynamique impressionnante qui est opérante et rassemble toutes les forces existantes pour des objectifs clairement définis. On pourrait citer encore la création d’un institut d’excellence dans le domaine des énergies décarbonnées, et un démonstrateur Smart Campus dont l’objectif est d’analyser les usages de l’énergie avec la gestion d’une flotte de véhicule électrique en auto partage. Compte tenu du niveau exemplaire atteint par l’UVSQ, très avancée par rapport aux autres universités, elle se pose des questions quant à une labellisation, voire une certification ou un classement international du type GREENMETRIC dans lequel d’ailleurs elle est une des rares universités françaises à être classée (107e).

On observe une même dynamique au Canada, à l’École polytechnique de Montréal, ce que nous retrace Mme Louise JOLICOEUR. Trois piliers supportent le développement durable : la viabilité économique, l’équité sociale et la préservation de l’environnement. A l’Ecole Polytechnique, toute la communauté universitaire s’est impliquée afin de ‘mettre le développement durable à l’ordre du jour affichant clairement que « la durabilité est un moteur puissant d’innovation, de mobilisation et d’amélioration continue. Son intégration dans l’ADN des organisations ne peut qu’augmenter son efficience et accroître son rayonnement ». L’expérience conduit à équilibrer les efforts, savoir écouter, viser l’appropriation, être visible, inspirer. Des réalisations illustrent la démarche comme la création d’un chauffe-eau solaire, une voiture solaire et une ouverture sur le monde au travers d’opérations conduisant les étudiants à échanger des expériences avec d’autres pays. On retrouve à Montréal un bel exemple d’acceptabilité sociale avec la revitalisation d’un quartier particulièrement pollué qui grâce à un travail collaboratif a fait l’objet d’un réaménagement propre aux normes du développement durable.

C’est une toute autre expérience qu’a conduit Sciences Po Paris, nous explique M. Sébastien LINDEN. En 2001, il a été mis en oeuvre des conventions d’éducation prioritaire afin d’agir sur les freins à la démocratisation. La mixité sociale est bien un objectif qui contribue à ne pas isoler les élites afin d’éviter l’exclusion de groupes sociaux de la vie démocratique. Pour lutter contre la seule réussite des classes favorisées, la procédure de sélection s’est adaptée notamment en se rapprochant des lycées publics défavorisés et en diversifiant les procédures de sélection. Les résultats sont encourageants. Sciences Po Paris affirme qu’il est bien dans une dynamique de recrutement diversifié mais tout en maintenant le niveau d’exigence du point de vue de la formation et des aptitudes à réussir.

Et l’on reprend de l’altitude avec M. Bernard CERQUIGLINI, Recteur de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF). Il salue ce grand réseau de la francophonie, réseau de grands administrateurs. L’agence a toujours appuyé ses actions sur la solidarité, passant de l’aide à la coopération, une vraie coopération dit-il où chacun apporte. L’esprit est vraiment associatif. Tous les quatre ans, l’agence organise une assemblée générale qui est une vraie rencontre de 800 universités. L’AUF est dans la cour des grands maintenant. Pour renforcer son influence, il y a eu un gros travail de déconcentration au profit des directions régionales s’appuyant sur cette règle que toute décision doit être prise à son niveau et dans son contexte. Il a également souligné l’importance de la collaboration multidirectionnelle Nord/Sud, Sud/Sud mais aussi depuis quelque temps Sud/Nord.

Le but est de prendre part dans la science mondiale où il y a beaucoup de points communs à rapprocher : la gouvernance, les relations internationales. L’AUF va publier sa doctrine en citant par exemple que l’e-learning, ce n’est pas seulement un écran devant un étudiant mais qu’il y a aussi du tutorat. Les objets sont en effet des thématiques qui aident au développement : la langue française, le développement durable, la gestion de l’eau, la santé publique, et la gouvernance universitaire qui est le domaine majeur. Il faut aider la recherche, la formation, le service à la collectivité. Il faut soutenir l’implantation du système Licence, Master, Doctorat, c’est un langage commun. L’agence contribue donc à divers aspects de la gestion des universités : structuration des unités administratives par exemple, la gestion financière, la gestion des conflits, les disciplines qui sont la structuration du savoir etc. Un accord a été passé avec la Côte d’Ivoire par exemple, où il y a un gros travail de reconstruction et de modernisation : gestion informatisé des étudiants par exemple. Mais la côte d’ivoire est un cas d’école, comme HAITI d’ailleurs dont la gestion est plus difficile.

C’est une situation bien particulière que nous décrit M. Fouad MAROUN de l’Université de Saint-Joseph, avec l’Opération 7e jour. C’est en 2006 au Liban, la guerre, l’urgence, qui réclame une mobilisation immédiate de la communauté universitaire pour répondre aux besoins de la santé, de l’assistance sociale. Des groupes de travail sont constitués, regroupés en cellules couvrant chacune un domaine spécifique. L’Opération 7e jour est lancée en septembre. Plusieurs axes d’intervention ont été définis comme la citoyenneté, la culture, la médiation, l’environnement et urbanisme, l’éducation et développement social, la gestion l’économie et l’entreprenariat, la santé et le développement humain. C’est un large appel au bénévolat avec de nombreux partenariats. L’opération a obtenu le 2e prix Mac Jannet pour la citoyenneté mondiale. L’objectif de cette opération est désormais de former des citoyens actifs, des agents de changement dans le développement du Liban. Chaque année universitaire, il est prévu de mobiliser des ressources pour un projet fédérateur : projet « tri des déchets », projet « campus antitabac », projet de soutien scolaire. Un premier regard critique a eu lieu en 2008 qui a permis de mieux cerner les facteurs de motivation, les facteurs limitatifs et les bénéfices perçus; ainsi l’opportunité d’appliquer dans la réalité les acquis théoriques de l’enseignement universitaire dans un contexte multidisciplinaire est perçu comme un facteur de motivation. Un deuxième travail de réflexion sur l’opportunité d’institutionnaliser l’opération se poursuit; il a mis en relief le besoin de créer des incitatifs au bénévolat, de formaliser les acquis sur le terrain, de prévoir des formations adaptées au bénévolat, de mieux cibler les actions à entreprendre et de procéder régulièrement à des auto-évaluations pour permettre de corriger le tir au besoin.

L’université au service de la société, c’est tout à fait la démarche que nous expose M. Joseph WASSO-MISONA, de l’Université libre des grands lacs (ULPLG) de la république démocratique du Congo. L’université se situe dans la partie ouest de Goma non loin du lac Kivu, créée en 1990 à l’initiative de six communautés ecclésiastiques, elle compte 6 facultés : théologie – droit – sciences économiques et de gestion – santé et développement communautaire – psychologie et sciences de l’éducation – sciences et technologie appliquée. Pour le moins original, elle comprend une crèche, une école maternelle et primaire et une école secondaire. Sa mission principale est de former les cadres universitaires en collaboration avec les collectivités locales. La vision est ambitieuse de devenir un centre de formation et de recherche à l’initiative de la base par une nouvelle approche de la recherche scientifique et de l’enseignement. Ainsi, parmi ses activités para-académiques, elle offre au travers d’un centre polyvalent pour la formation professionnelle, complexe de professionnalisation pour tous, des cours bibliques axés sur la théologie féminine, la coupe et la couture, l’art culinaire et l’hôtellerie. Son objectif est bien d’assurer à l’apprenant une formation complète afin de le rendre plus utile à la société. Une même dynamique se retrouve au Centre Informatique et de management d’entreprise (CIME) créé à l’initiative de la Faculté des sciences économiques et de gestion qui vise la vulgarisation de l’informatique par des formations professionnelles s’appuyant sur une pédagogie contextualisée qui s’appuie sur les données de l’environnement. La Faculté de santé soutient de nombreux projets comme l’utilisation de toiles de protection contre les moustiques par exemple. La Faculté des sciences et technologies appliquées est destinée particulièrement à apporter un encadrement technique et intellectuel nécessaire à la promotion des initiatives locales de développement. Toutes les facultés sont donc tournées vers la communauté. S’il est vrai que «de la crèche au doctorat» peut compromettre dans une certaine mesure sa vision d’université d’excellence, il n’en reste pas moins pour autant que son approche du développement durable cadre mieux avec sa mission principale de ne pas travailler pour la collectivité mais avec la collectivité.

S’étendre sur tout un territoire, diffuser la culture, être complémentaire et non pas concurrent, c’est bien ce que reflète le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), acteur engagé dans la promotion sociale, selon l’allocution de Mme Astrid KRETCHNER. Depuis sa création en 1794, le CNAM répondant à sa mission première de conserver toutes les innovations technologiques a maintenant une collection de près de 80,000 objets. Il faut attendre les lois Delors en 1972 pour qu’il intègre la formation professionnelle. Cette formation professionnelle supérieure tout au long de la vie est pilotée par un réseau de 28 centres régionaux et s’étend sur 40 pays partenaires. Les 90,000 élèves du CNAM se répartissent pour une bonne moitié, 55,000, sur le territoire national, le reste à l’étranger. Le diplôme délivré le plus connu reste bien évidemment le diplôme d’ingénieur du CNAM. Il revendique particulièrement d’être l’aménageur du territoire. Il encourage une contractualisation avec les universités afin de ne pas mettre en place des formations concurrentes. Il en est bien d’acquérir des valeurs en donnant une seconde chance.

Désormais, l’impact de l’université sur la société est crucial affirme M. Laurent DESPY de l’Université de Liège, en s’inscrivant notamment dans une politique globale de développement durable, d’amélioration des conditions de travail et de qualité de vie. L’Université de Liège compte 20,000 étudiants dans une ville de 200,000 habitants, ce qui en fait le 2e employeur de la région. Publique et pluraliste, elle comprend 9 facultés et plus de 5,000 personnes. L’université est un partenaire privilégié de la ville de Lièges notamment en termes de politique culturelle et participe au développement de la région. Elle s’investit fortement dans l’animation technologique et le redéploiement économique de la région et favorise la création de pôles ou de grappes technologiques. La politique globale a conduit à harmoniser la gestion des personnels et proposer quelques avantages sociaux avec un esprit d’équité : remboursement des transports en commun par exemple. Elle encourage toutes les initiatives s’inscrivant dans une politique globale de développement durable et d’amélioration des conditions de travail.
Et si l’on parlait plus des étudiants ? C’est l’objet du propos de Mme Monique RONZEAU qui nous parle des conditions de la vie étudiante. Elle rappelle l’émergence du concept de développement durable dans un nouveau modèle de développement des universités avec en 2008 l’adoption d’une charte en faveur du développement durable par la conférence des présidents d’université (CPU). De cette charte se détachait une dimension originale du développement durable qu’est le champ social et l’ancrage territorial avec un axe plan vert qui tend à favoriser une politique d’égalité des chances pour les étudiants au travers des bourses et du logement principalement. Dans le cadre du plan campus initié en 2008, une attention particulière était donnée à l’accueil des étudiants, aux lieux de rencontre et d’échanges et aux activités extra-universitaires. Aujourd’hui on peut noter une réelle prise de conscience par les étudiants de l’importance des données environnementales, encore que les initiatives viennent plus souvent d’en haut et qu’il y ait peu d’engagement des organisations étudiantes. Les étudiants attendent surtout des campus gérés au quotidien de façon exemplaire, des enseignements décloisonnés qui intègrent le développement durable, une pédagogie active basée sur la pratique et des solutions concrètes et une plus grande interaction avec les milieux professionnels. L’offre de service aux étudiants constitue un enjeu majeur en tant qu’élément d’accompagnement de la réussite des parcours d’études. Il existe une forte demande d’information et d’investissement de la part des étudiants à l’égard du développement durable qui peine toutefois à se concrétiser.
Une nouvelle loi est attendue en Suisse, en 2014, qui intègrera le développement durable, nous relate M. Stéphane BERTHET de l’Université de Genève. Créée en 1559, l’Université de Genève maintenant polyvalente compte 16,000 étudiants dont 39 % d’étudiants étrangers et rassemble 5,500 collaborateurs. Elle affirme la volonté d’intensifier sa présence dans la cité. Elle contribue au développement culturel, social et économique de la collectivité, notamment par la valorisation de la recherche et son expertise. Elle informe régulièrement le public et contribue à la réflexion sur l’évolution des connaissances. Il est question d’une convention d’objectifs qui inclut des éléments de développement durable. Ainsi le rectorat de l’université a pris certaines mesures positives comme l’université non-fumeur, la politique de l’égalité et la création d’un comité d’éthique. L’engagement social se traduit par un pôle culturel social et de santé qui offre des aides financières, une vie associative etc. Un institut des sciences de l’environnement a été créé avec une approche pluridisciplinaire où il y a un groupe d’écologie humaine, plateforme d’information sur le développement durable. Un service est ouvert à la collectivité et propose diverses actions auprès des jeunes de la cité sur la problématique du développement durable où de nombreux sujet sont abordés comme la mécanique quantique qui a connu un grand succès. L’université participe aussi à diverses actions comme le covoiturage, « à vélo à l’université » etc. Elle s’affiche clairement comme une université citoyenne. Le développement durable, c’est vivre mieux qu’hier et moins bien que demain.
L’Université Notre Dame de Louaizé au Liban se situe au coeur du développement durable nous présente Mme Nada SAAD SABER. L’université est récente, 1987, et compte 7 facultés pour 7,000 étudiants. De nombreux cours intègrent la dimension développement durable comme plusieurs centres de recherche. L’université est aussi très active sur le plan social avec un bureau « service à la collectivité ». Elle a conduit différentes opérations « vertes » comme les bus navettes afin de limiter le flot des voitures sur le campus. Des espaces ouverts sont réservés, communs à tous les étudiants, véritable lieu de rencontre. Elle s’efforce également de respecter des normes développement durable lors de la construction ou la rénovation de bâtiments : double mur, double vitrage, des voies de circulation d’air frais, des capteurs solaires etc. Ainsi, le développement durable est intégré au quotidien.
Et pour terminer, un petit retour en Afrique avec une expérience O combien humaine racontée par M. Toto Jérôme BALOU BI, ex-secrétaire général de l’Université de Cocody-Abidjan et Président sortant du Réseau africain des secrétaires généraux des universités francophones (RASGUF). Les universités africaines sont de création récente, entre 1950 et 1970, c’est-à-dire en même temps que les indépendances. Globalement, il est constaté une insuffisance notoire des ressources financières et humaines, l’obsolescence des infrastructures, la faiblesse du volet recherche et un manque de vocation d’enseigner. De fait, les établissements contribuent peu aux objectifs de développement et à la réduction de la pauvreté. Il est souligné l’importance cruciale de la pertinence des formations pour les économies nationales sachant que la moitié des emplois formels sont du secteur public. Il y a donc un grand défi à relever. Il faut donner les moyens au système de l’enseignement supérieur et de recherche pour qu’il réponde efficacement aux attentes de la jeunesse et des sociétés. Or, deux facteurs sont importants pour le financement de l’enseignement supérieur : la capacité des états membres à mobiliser des ressources et surtout leur volonté à faire des choix politiques. C’est un constat que les établissements sont souvent mal dirigés, mal pilotés et il n’y a pas de vision cohérente d’une mission commune de la communauté universitaire dont les rapports entre les différents groupes sont empreints de méfiance. C’est donc une première recommandation qu’il soit trouvé des consensus nationaux entre les acteurs et partenaires du système pour faire de l’enseignement supérieur un secteur stratégique à part entière. Il faut initier des politiques de formation, de talents dans le domaine technologique et de l’ingénierie, et il faut améliorer le pilotage. Et, il ne peut pas y avoir une influence africaine sans une stabilité politique. C’est un challenge pour l’Afrique. Nous pouvons y arriver si nous voulons, car nous en avons les moyens.

Pour résumer et conclure, la thématique du développement durable est un enjeu important, un véritable enjeu de société ainsi qu’un enjeu politique majeur. Le monde de demain se prépare aujourd’hui comme l’a si bien anticipé Antoine de Saint-Exupéry: « Nous n’héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ». Des étoiles à la terre africaine, ainsi se résument les interventions ; des étoiles, du cosmos où la terre apparaît si belle, si petite, si fragile, mais
unique dans sa spécificité d’abriter la vie, cette vie dont la qualité et la pérennité font l’objet du combat quotidien de l’homme. Pour ce combat, les universités apparaissent clairement comme un maillon indispensable, pourvoyeur de savoir-faire et de savoir être. Dans tous les pays présents à ce colloque, on l’a entendu, chaque établissement a vraiment pris la mesure des enjeux d’une politique de développement durable, chaque établissement propose des solutions, des pistes de progrès à sa mesure en tenant compte du contexte économique et social. Ici, ce sont de petites actions au quotidien, là des projets structurés avec un grand nombre de partenaires, ailleurs une vision, une ambition, un enthousiasme pour un projet à long terme, mais partout l’université n’est pas seule : elle est dans la cité, dans la région, elle travaille pour tous, avec tous, la dimension sociale étant révélée et importante : c’est surtout ce que ce colloque nous aura appris.

Des mots nous reviennent qui sont autant de souvenirs des témoignages de la Suisse, du Liban, de France, du Canada, de Belgique, de la république démocratique du Congo, de Côte d’Ivoire : esprit associatif – coopération – mobilisation – bénévolat – soigner et construire – acceptabilité sociale – équité sociale – préservation de l’environnement – durabilité dans l’ADN des organisations ! – mixité sociale – citoyens actifs – égalité des chances – engagement social – consensus nationaux et enfin STABILITÉ POLITIQUE mais aussi la conclusion de la présentation de M. Stéphane BERTHET : Le développement durable, c’est vivre mieux qu’hier et moins bien que demain. »

Date de publication : 28/04/2012

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