Le parcours hors normes d’une chercheuse vietnamienne

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Nguyên Thi Lê Nhung a fait ses études à l’Université de pédagogie de Hô Chi Minh-Ville dans la filière francophone de biologie. Après une thèse en France, elle a créé à Angers une start-up.

L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) avait offert des bourses et des stages d’été en France aux meilleurs étudiants, ce qui était fort alléchant et surtout une belle occasion de voyager. C’est en 2001 que Nguyên Thi Lê Nhung, native de Bao Lôc, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre), a pu ainsi réaliser un stage dans ce cadre.

Le choix des sciences et de la francophonie

Hasard total, cette année-là, ce ne fut pas la France mais le Laos qui était au programme. Qu’à cela ne tienne, c’était une belle occasion pour Nhung de découvrir un autre pays asiatique appartenant à l’espace de la francophonie, de rencontrer des étudiants venus des quatre coins du monde, et de sortir pour la première fois de son pays. Mieux que tout cela, Nhung put faire la rencontre, dans l’avion, d’un jeune Français qui deviendra son mari quelques années plus tard.

Au retour du Laos, elle soutint son mémoire de fin d’études devant un jury mixte franco-vietnamien et en ressortit avec la promesse d’une bourse d’études pour poursuivre son parcours universitaire en France. Il faut dire que le sujet de son mémoire ouvrait à des recherches intéressantes : le rôle de la gibbérelline sur la chute des jeunes mangues. Cependant, la période de candidature aux bourses proposées étant terminée, elle dut retourner dans sa famille. Mais Nhung retomba vite sur ses pieds en obtenant un poste dans un lycée de Bao Lôc où elle enseigna les sciences de la vie pendant un an.

Lê Nhung dans sa ferme expérimentale de konjac à Angers.

C’est en 2003 qu’elle intégra l’Université du Maine au Mans (France) pour un DESS (diplôme d’études supérieures spécialisées) en pédagogie, suivi en 2004 d’un master 2. Tout au long de ses études, elle a fait plusieurs séjours au sein de l’Université de Nantes pour y mener des recherches. En 2005, elle fut acceptée en doctorat au sein de l’Université du Maine dans le cadre d’un programme soutenu par l’ambassade de France au Vietnam. L’intitulé de sa thèse était Les effets du cuivre et du zinc sur les microalgues marines.

Création d’une start-up en 2020

Après l’obtention de son doctorat, Nhung enseigna à l’université Paris XII-Créteil comme attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER). Elle devint ensuite chercheuse post-doctorante aux ponts et chaussées sur la question de la récupération de l’eau de pluie. Pendant ce temps, elle fut aussi invitée à l’université de Queensland, en Australie. Toute cette activité ne suffisait pas à Nhung qui, dans le même temps, se maria avec Alexandre, également universitaire, avec lequel elle aura trois enfants.

Après avoir tenté les concours de maître de conférence universitaire sans succès, Nhung se demanda quoi faire. Elle tenta tout d’abord de devenir médecin mais ne continua pas sur cette voie. Puis, lui vint l’idée de produire en France du konjac, une plante originaire des forêts d’Asie du Sud-Est servant notamment à la fabrication de nouilles. Pour ce faire, elle suivit des formations en agriculture biologique et acquis un terrain près d’Angers. Elle étudia les méthodes traditionnelles et séjourna également en Chine et au Japon où elle visita des fermes, des usines et des centres spécialisés dans la production de konjac.

Le konjac, une plante originaire des forêts d’Asie du Sud-Est servant notamment à la fabrication de nouilles.

 Forte de toutes ces connaissances, elle créa en 2020 son entreprise, Plant Innovation R&D, en France. Son établissement est actuellement en incubation à Angers Technopole et Atlanpole, structures aidant les start-ups innovantes à se lancer. Grâce au soutien de plusieurs organismes publics et privés, elle continue ses travaux de recherche sur le konjac, cultive la terre et cherche des investisseurs pour soutenir son projet.

Le projet France-Konjac qu’elle conçoit est une filière intégrée de konjac 100% français et biologique. Elle en a posé les fondations et continue de la développer avec toute son énergie depuis six ans.

Le chemin est encore long mais bénéficie de nombreux soutiens. Le bonheur n’est-il pas de voir la réussite petit à petit faire son chemin ? Ce parcours tant académique, familial que professionnel démontre bien à travers Nhung, la ténacité des femmes vietnamiennes qui ne se dément jamais, peu importe le pays où elles vivent. Bon succès à France-Konjac et à Nguyên Thi Lê Nhung !

Date de publication : 13/05/2021

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