La Revue Française de Gouvernance d'Entreprise lance un appel à contribution pour un numéro spécial dédié aux liens entre gouvernance éthique et soutenable et Responsabilité Sociétale des Entreprises [RSE].
La crise pandémique a rendu les parties prenantes de l’entreprise plus sensibles aux problématiques de la responsabilité sociale, sociétale et environnementale. Elle a notamment modifié les comportements des épargnants, des investisseurs et des intermédiaires de la finance. Elle a influencé les pratiques des managers et les modes de fonctionnement des systèmes d’information, des organisations et des marchés. Mais ces influences paraissent encore incertaines ou contradictoires. Certaines d’entre elles sont de nature à remettre en question des théories financières ou managériales.
L’objet de ce colloque est de mettre en lumière les paradoxes qui sous-tendent les débats actuels sur la finance responsable et durable, la finance inclusive (sociale, sociétale, équitable, partenariale…) et la finance soutenable (durable », environnementale…). Il vise à montrer que la levée de ces paradoxes exige de réinterroger certaines théories et/ou pratiques managériales. Ces paradoxes s’inscrivent en effet dans des champs aussi divers que ceux :
• de la finance solidaire, avec l’émission de coronabonds, des OAT vertes, l’octroi exceptionnel aux PME de prêts garantis par l’Etat et d’aides du fonds de solidarité, ainsi que le développement des investissements à impact ;
• de la finance publique, avec des aides financières aux sociétés cotées en bourse subordonnées à la suppression de dividendes aux actionnaires ;
• de la finance de marché, avec une diversification parfois difficilement déchiffrable et contrôlable de nouveaux véhicules financiers sous formes d’actions éthiques, d’obligations vertes, de fonds d’investissement socialement responsables ;
• de la finance comportementale, au travers des perceptions du risque, du traitement plus ou moins biaisé de l’information financière, des intelligences cognitive et émotionnelle des investisseurs;
• de la finance parallèle, avec, paradoxalement, de nouveaux acteurs relevant de la finance non régulée constituée de fonds d’investissement, de fonds de pension, de hedge funds, de gestionnaires d’actifs…, qui cherchent à « superformer » les marchés conventionnels avec des placements répondant aux critères ESG ;
• de l’économie monétaire, au travers de projets de création de nouvelles monnaies cryptées dédiées aux échanges de produits et de services socialement responsables ;
• des nouveaux statuts de l’entreprise , avec la mise en place, parfois problématique – comme dans le cas de Danone – d’entreprises à mission, à raison d’être ou à impact ;
• du pilotage intégré des performances globales de l’entreprise, au travers du traçage de données de plus en plus massives, de nouveaux systèmes d’aide à la décision, d’algorithmes d’Intelligence Artificielle plus ou moins biaisés et de modèles d’incitation financière du personnel plus ou moins efficients ;
• du reporting financier et extra-financier et des comptabilités environnementales, encadrés par des référentiels normatifs foisonnants et en constante évolution.
La liste de ces thèmes n’est pas exhaustive dans la mesure où l’émergence de la finance responsable et durable influence les différents champs du management des organisations, au- delà de la finance elle-même. Elle conditionne, en effet, tous les projets et les acteurs engagés dans la chaîne de valeur financière et extra-financière de l’entreprise.
Le traitement de ces problématiques implique de convoquer divers modèles et concepts socio-économiques, managériaux et financiers, portant notamment sur :
• les théories qui encadrent la RSE, comme la pyramide des responsabilités de Carroll (1991), les approches business as usual et business as society de Donaldson et Preston (1995), le modèle du développement soutenable de Glandwin et Kennely (1997), le modèle du Triple Bottom Line d’Elkington (1998)… ;
• la théorie des parties prenantes (stakeholder theory), initiée par Bearle et Means (1932) puis développée notamment par Freeman (1984)… ;
• les concepts de gouvernance partenariale (Rajan et Zingales,1998), de valeur partenariale de l’entreprise (Charreaux et Desbrieres, 1998), de shareholder welfare (Zingalès & Hart, 2016), de post-stakeholder value (Pietrancosta, 2019) ;
• les notions d’Investisseur Socialement Responsable (ISR) de Porter et Kramer (2001) et de finance responsable (Gollier, 2019);
• les modèles des coûts cachés et de la Tétranormalisation (Savall et Zardet, 2005 ) ;
• les modèles de l’alignement stratégique (Strategic Alignment Model ou SAM) proposé par Henderson et Venkatraman (1993) et du tableau de bord prospectif soutenable (Sustainable Balanced Scorecard ou SBSC) conçu par Kaplan et Norton (2011) ;
• les constructions de la comptabilité et de l’audit environnementaux (Power, 1997).
Les recherches portant sur les implications théoriques et sur les illustrations pratiques de ces mutations, ainsi que sur leurs effets sur le management responsable des entreprises et la régulation équitable des marchés, sont attendues dans le cadre du colloque 2022 de l’ADERSE.
Principales références
Bowen H., Social Responsibilities of the Businessman, Harper & Row, 1953.
Carroll A. , A three dimensional conceptual model of corporate social performance, Academy of management review, Vol. 4, No 4, 1979.
Berle A. A., Means G, The Modern Corporation and the Private Property, New York, Mc Millan, 1932.
Donaldson T., Preston L.E., The Stakeholder Theory of the Corporation: Concepts, Evidence and Implications, Academy of Management Review, vol. 20(1), 1995
Elkington J., Cannibals with Forks: the Triple Bottom Line of 21st Century Business, New Society Publishers, 1998.
Freeman E., Strategic Management: a Stakeholder Approach, Massachussetts, Pittman Publishing Inc, 1984.
Glandwin T. et J. Kennely , Sustainable development: a new paradigm for management theory and practice, Business and Natural Environment, 1997.
Gollier Ch., Finance responsable pour une société meilleure, Eds PUF, 2019.
Henderson J., Venkatraman N., Strategic alignement: Leveraging information technology for transforming organizations, IBM systems journal Vol 32, n°1, 1993.
Kaplan R.S. et Norton D.P., L’alignement stratégique, Eyrolles, 2011.
La Porta R. et al., Trust in Large Organizations, American Economic Review, papers and proceedings, 1996.
Pesqueux Y., La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE): la “ vieille ” RSE d’avant les Accords de Paris de 2015 et de la pandémie covid-19 de 2020. Doctorat. France. 2020. halshs- 02543029v2
Pietrancosta A., Intérêt social et raison d’être, Réalités industrielles, novembre 2019. Pluchart J.J.et Mellios C (dir.), Le Shadowbanking, Qu’est-ce que la finance parallèle ? Quel est son rôle ? Comment la réguler ? Eyrolles, 2015
Porter M.E., Kramer M.R., « Strategy and Society. The Link between Competitive Advantage and Corporate Social Responsibility », Harvard Business Review, 2001.
Power M., Expertise and the construction of relevance: accountants and environmental audit. Accounting, Organizations and Society 22 (2): 1997
Savall H. et Zardet V., Tétranormalisation. Défis et Dynamiques, Economica, 2005.
Zingales O. et Hart L., Companies Should Maximize Shareholder Welfare Not Market Value,
Journal of Law, Finance, and Accounting, octobre 2016.
Complément à la thématique centrale du congrès
Les thèmes permanents de recherche de l’ADERSE pourront être également abordés :
• La responsabilité sociale des universités
• La tétranormalisation
• L’engagement responsable et la gestion des risques
• La performance globale
• La comptabilité élargie
• Les entreprises à mission, à raison d’être, à impact
Comité scientifique
Les communications seront évaluées en double aveugle par le comité scientifique composé des enseignants-chercheurs suivants de Sorbonne Business School (UFR et IAE) et de l’Université Paris-Dauphine : H de la Bruslerie, I.Cadet, J. Caby, Ph. Dessertine, P.Gilbert, E.Lamarque, J-P.Laurent, C. Mellios, F.Noël, P.Piget, J-J. Pluchart, N.Raulet-Croset, G.Schmidt, Ph. Touron.
Calendrier du congrès (dates limites)
• Envoi d’un projet de communication : 30 novembre 2021
• Réponse des évaluateurs : 3 janvier 2022
• Envoi de la communication définitive : 28 février 2022
• Date limite d’inscription : 7 mars 2022
• Session du congrès en présentiel à Paris : 31 mars- 1er avril 2022
Ce 18ème Congrès se tiendra à l’IAE de Paris, 12, rue Jean-Antoine de Baïf 75013 Paris
Formats des communications
• Projet de communication :
– Document 1 : titre/ coordonnées et statuts du ou des auteurs/résumé de 15 lignes/5 mots-clés
– Document 2 : en page1, titre/résumé/mots- clés / en pages 2 et 3 : problématique, état de l’art abrégé, méthodologie mobilisée, contribution à la recherche / en page 4 et 5 : plan détaillé et bibliographie abrégée
• Communication définitive :
– Document 1 : titre/ coordonnées et statuts du ou des auteurs/résumé de 15 lignes et 5 mots-clés en français et en anglais
– Document 2 : titre, problématique, état de l’art, méthodologie mobilisée, contribution à la recherche, bibliographie complète
Feuille de style
– Format A4
– document doc ou docx (pas de pdf)
– marges standard (2,5 cm)
– times new roman 12 (texte) ou 14 (titres)
– références bibliographiques (idem à l’appel à communication)
Envoi des communications par e-mail à Aderse2022@univ-paris1.fr
Publications
Les meilleures communications seront publiées dans les revues académiques partenaires de l’ADERSE ou dans un ouvrage collectif à paraître aux éditions Eska.
Contacts
Isabelle Cadet (IAE Paris) Jean-Jacques Pluchart (Université Paris 1)
isabelle.cadet@iae.pantheonsorbonne.fr jean-jacques.pluchart@univ-paris1.fr