À l’occasion du trentième anniversaire de la filière « Installations pour les bâtiments » en langue française à Université Technique de Construction de Bucarest (UTCB), la communauté universitaire et ses partenaires célèbrent non seulement la longévité d’un parcours d’excellence (1995–2025), mais aussi l’empreinte structurante de la Francophonie scientifique en Roumanie.
Ce jalon s’inscrit dans un paysage national où le français demeure une langue d’étude et de travail largement partagée, adossée à un réseau de lycées bilingues, de filières universitaires dédiées et d’un engagement institutionnel constant en faveur des échanges académiques francophones.
L’essor de cette filière tient d’abord à une vision : former des ingénieurs capables de concevoir, réaliser, mettre en service et exploiter l’ensemble des systèmes qui font la qualité environnementale des bâtiments. Cette ambition s’est doublée d’une exigence de qualité, consacrée par deux accréditations ARACIS (2011 et 2021), et d’une culture de la mobilité académique (stages, masters, doctorats) qui a irrigué l’école d’ingénieurs comme ses laboratoires.
Au fil des décennies, la coopération avec l’espace francophone s’est structurée autour de programmes, mécanismes et projets concrets, plus que de simples signatures de conventions. Les financements européens (notamment TEMPUS, puis SOCRATES–ERASMUS et ERASMUS+), l’appui d’agences nationales et régionales (ADEME, AUF, ministères et ambassades, collectivités de France et de Belgique), ainsi que le concours d’instituts techniques et d’entreprises de référence ont permis de moderniser les curricula, de doter les laboratoires, de croiser les expertises et de professionnaliser des promotions entières d’ingénieurs. Il en est résulté un faisceau d’effets tangibles : co‑encadrements de thèses, jurys partagés, contrats de recherche en équipes mixtes, ressources pédagogiques co‑produites, et une communauté d’anciens désormais active des deux côtés de l’Europe francophone.
Dans cette architecture, le programme TEMPUS occupe une place clé. Créé pour accompagner la modernisation de l’enseignement supérieur en Europe centrale et orientale, il a favorisé l’introduction d’approches interdisciplinaires, la circulation des étudiants et des enseignants, et une mise à niveau décisive des infrastructures universitaires. L’UTCB en a tiré des effets endogènes durables, visibles dans la réforme des contenus et des méthodes, mais aussi dans l’ouverture internationale des équipes.
Parmi les jalons emblématiques, le projet ENVIROM (1995–1998) a marqué un tournant. Axé sur l’efficacité énergétique des bâtiments publics — au premier chef les écoles — il a associé modernisation des programmes dans les domaines de l’énergie, de l’environnement et du bâtiment, et formation à la gestion environnementale ainsi qu’à l’audit énergétique. Cette démarche a précocement articulé exigence académique, utilité publique et impact mesurable, préfigurant les priorités actuelles de neutralité climatique et de qualité de l’air intérieur.
L’écosystème francophone, lui, s’est élargi et consolidé. Sur le plan diplomatique et scientifique, la Roumanie a entretenu un dialogue soutenu avec l’OIF et ses partenaires, depuis la Semaine de la Francophonie scientifique jusqu’à la création de bourses emblématiques comme « Eugène Ionesco ». Plus récemment, le Programme international mobilité employabilité francophone (PIMEF) a vocation à relier un millier d’universités et de centres de recherche de 120 pays, renforçant les passerelles entre formation, recherche et insertion. Dans cet environnement, la filière francophone de l’UTCB a servi de matrice : plus de trois cents ingénieurs diplômés, un réseau de partenariats qui excède la quinzaine d’universités, et une implication majoritaire du corps enseignant dans les coopérations européennes.
Enfin, au‑delà des chiffres, c’est une culture commune qui s’est consolidée : la rigueur scientifique et l’exigence de service public, le soin porté à la santé et au confort des occupants, l’ingénierie comme levier de soutenabilité et d’ouverture. Trente ans après sa création, la filière « Installations pour les bâtiments » atteste qu’une francophonie vivante n’est pas un slogan, mais une pratique — un horizon partagé où se conjuguent savoirs, innovations et responsabilités, au bénéfice des étudiants, des institutions et de la société. Cette trajectoire invite à poursuivre, avec discernement et ambition, la modernisation des enseignements et la densification des alliances, afin de tenir le rang qui revient à l’ingénierie francophone dans la transition énergétique des bâtiments.