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« J’écris pour donner une voix à ceux qu’on n’entend pas »

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A 23 ans, Christian Dandy Noble Malela a remporté le prix du jury du Prix RFI-AUF des jeunes écritures 2025 avec Mémoire de cendres, une nouvelle qui raconte la guerre à hauteur d’enfant. Entre parcours scientifique et littérature engagée, l’étudiant congolais nous dévoile ce qui nourrit son écriture. Entretien.

  • Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Christian Dandy Noble Malela, originaire de la République du Congo. J’ai 23 ans et je suis étudiant en Master 2 de Construction et Maintenance des Infrastructures à l’Université Denis Sassou Nguesso de Kintélé où je poursuis un cursus en génie civil, tout en nourrissant une forte passion pour l’architecture.

Entrepreneur dans l’âme, je suis également fondateur d’une start-up spécialisée dans la conception de plans architecturaux et la construction d’ouvrages de génie civil, où je mets en pratique mes compétences techniques et ma vision créative. Je forme et accompagne des jeunes en développement personnel, art oratoire et gestion de projet.

  • Quand avez-vous commencé à écrire ? Et depuis, quel est votre rapport à l’écriture ?

J’ai réellement commencé à écrire fin 2023 début 2024, précisément à travers la poésie urbaine (le slam). A ce moment-là, j’ai intégré des ateliers d’écriture de slam au Centre Culturel Russe de Brazzaville, sous la supervision du slameur Black Panther, champion du Congo 2015.

Toutefois, mon goût pour la littérature est bien plus ancien car depuis mon enfance, je suis fasciné par la poésie, la philosophie et les grands auteurs. Je lisais déjà Descartes ou encore des poètes classiques pour la beauté d’une langue travaillée, soignée, presque aristocratique.

Je peux dire que l’écriture est devenue pour moi un moyen d’expression intime, de réflexion et de dénonciation sociale. J’écris pour comprendre le monde, mais aussi pour donner une voix à ceux qu’on n’entend pas.

  • Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Je puise beaucoup dans la littérature congolaise, notamment dans les œuvres de Henri Lopès, Jean-Baptiste Tati Loutard ou encore Labou Tansi, que j’ai étudiées au lycée. Leur manière de raconter le Congo, ses complexités, ses blessures et sa beauté, a fortement nourri mon imaginaire et ma plume.

Mes inspirations viennent aussi de mes lectures philosophiques, de la poésie classique et des réalités sociales que je côtoie au quotidien.

  • Avec Mémoire de cendres, vous avez signé un récit grave mettant en scène un épisode de guerre civile. Pour quelles raisons avez-vous fait ce choix ?

J’ai choisi d’aborder la guerre parce qu’elle fait profondément partie des sujets à la une et de l’histoire tragique de mon pays la République du Congo.

La guerre du 5 juin 1997, les explosions du 4 mars 2012 à Mpila (ce n’était pas une guerre mais le traumatisme s’y apparentait) , ou encore d’autres conflits contemporains rencontrés dans d’autres pays, sont des événements dont les cicatrices demeurent encore visibles dans la mémoire collective.

En 2012, j’avais 10 ans, j’ai vu la panique, les blessés, les amputés, les familles endeuillées. Ces images ont marqué mon esprit d’enfant.

Avec Mémoire de cendres, j’ai voulu donner la parole à un enfant, un être vulnérable qu’on entend rarement dans les récits de guerre.

Mon inspiration est aussi venue d’une photographie historique prise à Nagasaki en 1945, montrant un jeune garçon japonais je crois de 10 ans portant le corps de son petit frère décédé après les bombardements. Cette image m’a profondément bouleversé par sa force, sa dignité et sa tragédie silencieuse. J’ai voulu transposer cette intensité émotionnelle dans un contexte plus proche de nous, pour rappeler la vulnérabilité des enfants face aux conflits.

Même lorsque les armes se taisent, les traumatismes demeurent. À travers ce texte, j’ai voulu rendre visibles ces blessures invisibles et attirer l’attention sur les enfants, qui sont souvent les premières victimes oubliées de la guerre.

C’est un récit inventé, mais il reflète des réalités vécues par des milliers d’enfants dans les zones de conflit.

  • Que représente ce prix RFI – AUF des jeunes écritures ?

Le Prix RFI AUF des jeunes écritures représente pour moi un immense accomplissement, presque un couronnement.

Ce prix prouve qu’on peut venir d’un parcours scientifique et porter malgré tout une voix littéraire forte, sensible et engagée. Il donne de la crédibilité à mon travail et attire l’attention sur un thème souvent oublié celui de la souffrance psychologique des enfants dans les zones de guerre.

Ce n’est pas mon premier concours littéraire car j’ai remporté deux concours de dictée et d’épellation… J’ai aussi participé à plusieurs concours de slam et poésie. J’avais par exemple soumis une nouvelle intitulée La cicatrice et la béquille au concours Trophée des Plumes 2025, mais je n’avais pas remporté le prix.

Mais honnêtement le Prix RFI-AUF des jeunes écritures reste le plus prestigieux et le plus significatif pour moi.

  • Qu’est-ce que la Francophonie pour vous ?

La Francophonie de mon point de vue est un espace de partage, où des cultures différentes se rencontrent, avec comme lien, la langue française. C’est un lieu de création, d’échange, de pluralité, mais aussi un outil d’ouverture sur le monde.

Elle permet à des jeunes comme moi, venant d’horizons variés, de faire entendre leurs histoires, leurs sensibilités et leurs réalités sur une scène internationale.

La Francophonie, c’est l’idée qu’une langue peut relier, élever et transmettre les mémoires des peuples.

Découvrez le récit de Christian Dandy Noble Malela

Le Prix RFI-AUF des jeunes écritures

Chaque année, ce prix, fruit d’un partenariat entre l’AUF, Radio France Internationale (RFI) et Short Édition, récompense trois des plus belles nouvelles de la jeunesse étudiante francophone à travers le monde, avec le prix du jury, le prix coup de cœur du jury et le prix du public pour lequel les internautes sont appelés à voter en ligne. Il vise ainsi à encourager l’écriture et la lecture en français à travers des œuvres courtes.  Chaque récit débute par une même phrase choisie dans l’œuvre du président du jury.

Cette année, c’est l’auteur, dramaturge Alexis Michalik qui présidait le jury du Prix. Ecoutez son interview.

Découvrez l’ensemble des lauréats 2025 et leur œuvre.

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