Inclusion et culture : le souffle francophone des étudiants de Cochabamba 

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« Je veux contribuer à provoquer des changements sociaux et culturels dans ma communauté et donner à mes camarades les outils pour construire leur avenir », affirme Lenny Echalar, présidente du club « Auberge de la Francophonie » à l’Université Mayor de San Simón, en Bolivie.  Ce club rassemble les étudiants autour d’initiatives concrètes et d’activités créatives, où culture, solidarité et inclusion se rencontrent au quotidien. 

 

Grandir, s’engager et créer des liens 

À l’Auberge de la Francophonie, les activités sont pensées « d’étudiants pour étudiants », dans un cadre détendu qui invite à la découverte autant qu’à l’engagement. Curiosité et solidarité donnent ainsi vie à la francophonie au quotidien.

Parmi elles, la foire écologique, ouverte à l’ensemble des étudiants, a réuni une quarantaine de participants autour d’ateliers consacrés au recyclage et aux amphibiens boliviens. Les activités, menées en français, mêlaient pédagogie et jeu, avec des recherches d’images cachées ou encore la création de messages dédiés à la Terre Mère.

L’inclusion occupe également une place centrale. Deux fois par semaine, des ateliers de langue des signes bolivienne sont proposés pour favoriser la communication avec les étudiants sourds. S’y ajoutent des sessions sur les droits du travail, destinées à valoriser leurs compétences et à ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles.

Côté culture, le club anime le cercle de lecture « Entre lignes », qui rassemble une quarantaine de passionnés, dont une vingtaine participe régulièrement aux rencontres mensuelles pour découvrir ou redécouvrir des auteurs francophones. Enfin, les apéritifs culturels offrent des moments conviviaux où se célèbrent, dans la bonne humeur, les multiples facettes du monde francophone.

Ces actions témoignent de l’énergie du club, mais le projet phare illustre particulièrement son engagement social. « Main dans la main », est né en réponse à un appel à projets de l’AUF – Amériques, qui visait à soutenir des initiatives innovantes pour l’inclusion dans l’enseignement supérieur.

Il se concentre sur l’accompagnement des étudiants à handicaps sensoriels à travers trois axes complémentaires : des campagnes de sensibilisation sur le campus, la formation d’interprètes en langue des signes et des cours de rédaction pour renforcer leur autonomie académique. Par ailleurs, le projet prévoit des rencontres avec des associations locales afin d’encourager la socialisation et l’intégration.

« La première réunion a été particulièrement marquante », a partagé Lenny. Les membres ont ressenti une connexion immédiate avec les étudiants sourds et se sont mobilisés autour d’idées concrètes. Par exemple, Darwin, qui vient d’une province où l’on parle surtout quechua, a suggéré de répliquer ce type de projet pour les personnes sourdes qui parlent le quechua. De son côté, Tamara a été très inspirée et a proposé plusieurs activités de convivialité pour mieux connaître les étudiants sourds. Aujourd’hui, le projet touche 21 étudiants sourds, dont environ 15 participent régulièrement aux activités. Comme le rappelle Lenny Echalar : « Nous voulons leur offrir des outils pour réussir et éveiller les consciences à l’inclusion ».

La francophonie comme moteur de solidarité et d’avenir 

Pour Lenny, la francophonie est bien plus qu’une langue partagée. C’est une fraternité mondiale, un espace de diversité et d’unité à la fois. Et les jeunes, dit-elle, en sont les piliers : « Nous apportons l’énergie, les idées nouvelles et la capacité de créer des réseaux durables. » En Bolivie, l’intérêt pour le français ne cesse de croître, et grâce à des clubs comme l’Auberge de la Francophonie, ce mouvement prend de l’ampleur.

L’intégration dans le réseau de l’Association International des Clubs Leaders Étudiants Francophones (AICLEF) y contribue largement, c’est pour Lenny et ses camarades l’occasion de découvrir des initiatives similaires dans d’autres pays et de nourrir leurs propres initiatives locales. Récemment, les membres ont participé à un club de lecture autour du Prix Goncourt, organisé dans le cadre d’un regroupement inter-CLEF en Amérique latine. Cette expérience leur a permis d’échanger avec des étudiants d’autres pays, d’élargir leurs horizons et de constater, concrètement, la dimension internationale de ce réseau.

Et la suite ? L’Auberge de la Francophonie prépare déjà des initiatives autour du changement climatique et de l’entreprenariat, pour répondre aux défis économiques actuels de la Bolivie. Mais l’ambition va plus loin : si Lenny pouvait rêver d’une grande initiative dans le cadre du CLEF, elle imaginerait un programme régional de formation et d’échanges entre universités boliviennes et latino-américaines, afin de partager des solutions aux défis communs et de renforcer les liens entre jeunes amoureux de la francophonie.

Au-delà des actions menées, il y a aussi ces instants qui restent gravés. Lenny se souvient d’un apéritif culturel où ses camarades sourds se sont laissés emporter par la musique. Guidés par les vibrations et parfois par quelques sons, ils ont dansé pendant des heures. « Ce fut un moment de joie pure, une célébration de la diversité, et la preuve que notre club construit plus qu’une communauté : il crée des souvenirs », raconte-t-elle.

Rejoindre l’Auberge de la Francophonie, c’est donc bien plus que participer à un club. C’est vivre une aventure humaine, développer des compétences, s’ouvrir au monde, et surtout, faire partie d’un groupe de jeunes qui croient que la solidarité et l’inclusion peuvent changer la société.

Date de publication : 28/08/2025

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+ AUF - Amériques

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