Une équipe de recherche québécoise et brésilienne s’allie à des partenaires publics pour développer un dispositif écologique innovant capable de filtrer les résidus d’antibiotiques dans les eaux usées grâce aux plantes aquatiques. Le projet est soutenu par l’AUF-Amériques dans le cadre de son programme Innovation sociale et technologique dans les Amériques (InnovSoc&Tech).
Au Brésil comme au Canada, une nouvelle technologie verte pourrait bien transformer la manière dont nous traitons nos eaux usées. Le projet S.A.F.E. (Système Avancé de Filtration Écologique) mise sur la force des plantes aquatiques pour éliminer les résidus d’antibiotiques et limiter la propagation des résistances bactériennes – un enjeu de santé publique mondiale.
Chaque année, des quantités importantes d’antibiotiques se retrouvent dans les rivières et les lacs par le biais des stations d’épuration. Ces résidus favorisent le développement de bactéries résistantes, responsables de plus d’1,27 million de décès en 2019 selon l’OMS. Or, les méthodes actuelles de traitement de l’eau peinent à éliminer ces contaminants.
C’est ici qu’intervient S.A.F.E. : une technologie compacte, peu coûteuse et durable, qui associe macrophytes (plantes aquatiques) et micro-organismes pour dépolluer l’eau de manière naturelle. Au Brésil, actuellement, trois systèmes sont testés :
- Système de Rhizodégradation, utilisation de Sagittaria montevidensis qui dégrade les contaminants grâce à ses racines ;
- Système de Phytoextraction, utilisation de Myriophyllum aquaticum qui absorbe et accumule les antibiotiques dans ses tissus ;
- Système de Phytotransformation, utilisation de Salvinia molesta, capable de transformer les molécules en composés moins nocifs.
Une équipe scientifique et des partenaires engagés
À la tête du projet, le professeur Philippe Juneau de l’Université du Québec à Montréal et le professeur Marcelo Pedrosa Gomes de l’Université fédérale du Paraná (Brésil) unissent leurs expertises en écotoxicologie et en phytoremédiation pour développer de nouvelles approches fondées sur la nature. À leurs côtés, Gustavo Rafael Collere Possetti, directeur de l’innovation à la Companhia de Saneamento do Paraná (SANEPAR), joue un rôle clé dans l’application concrète de ces innovations au sein des stations de traitement des eaux brésiliennes.
Ensemble, ces partenaires allient recherche académique, savoir-faire technologique et ancrage opérationnel afin de proposer une réponse novatrice aux enjeux sanitaires et environnementaux. Des tests préliminaires sont également en cours dans une station d’épuration d’eaux usées municipales de la rive sud de Montréal et selon les résultats obtenus le projet pourrait s’étendre pour comparer son efficacité dans différents contextes climatiques.
Un impact social, environnemental et éducatif
Au-delà de l’innovation technologique, S.A.F.E. s’inscrit dans une démarche sociale et environnementale. Le projet contribue à améliorer la qualité de l’eau et à protéger les écosystèmes aquatiques (Objectifs de développement durable – ODD 6 et 14), tout en réduisant les risques sanitaires liés à la résistance antimicrobienne (ODD 3). En proposant une technologie verte, durable et abordable, il participe également au développement d’infrastructures innovantes au service des communautés locales (ODD 9).
L’équipe prévoit de faire connaître les résultats de ses recherches et le potentiel de ces innovations sous la forme des séminaires, des formations et des campagnes de sensibilisation afin de renforcer les capacités locales, former des étudiants et techniciens, et permettre une appropriation durable de la technologie. À terme, le dispositif pourrait être adapté à d’autres usages, comme l’aquaculture et le traitement des eaux hospitalières ou agricoles.
En misant sur la puissance dépolluante des plantes, le projet S.A.F.E. ouvre la voie à une nouvelle génération de solutions écologiques pour préserver la santé humaine et l’environnement.
Ce projet fait partie des initiatives retenues dans le cadre de l’appel à projets InnovSoc&Tech 2024 de l’AUF-Amériques, qui soutient les partenariats entre universités et acteurs de terrain autour de projets à fort impact social ou technologique.
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