Rose Christiane Tonye Nliba, bénéficiaire d’une mobilité de stage Master

Rose Nliba

En 2018, Rose Christiane Tonye Nliba, étudiante en Master Eau et société à SupAgro Montpellier, a bénéficié du programme des mobilités de stage Master financé par l'Agence universitaire de la Francophonie en Europe de l'Ouest.

Parlez-nous de votre stage et du diplôme dans lequel il s’inscrit

Mon stage de fin d’études de master a été effectué à la CAMWATER : entreprise publique en charge de l’approvisionnement en eau potable des populations Camerounaises depuis la réforme structurelle de 2005.

Ce fut une belle expérience, puisque j’ai eu l’opportunité de conduire des travaux non seulement en parfait accord avec ma formation (master eau et société), mais surtout, en contiguïté de ma première expérience professionnelle d’ingénieur dans cette structure. Le terrain d’étude m’était donc assez familier. J’avais une assez bonne maitrise des enjeux du secteur.

C’est d’ailleurs à partir de la dualité : compétences professionnelles et connaissances académiques, que j’ai pu nourrir ma réflexion pour proposer aux instances hiérarchiques de CAMWATER, un sujet de stage qu’ils n’ont pas hésité à valider.

Pour toucher deux mots sur mes travaux de stage, je rappellerais déjà son thème : « l’analyse rétrospective de la consommation d’eau des abonnés du service public d’eau potable au Cameroun », qui part d’un constat simple de baisse de consommation d’eau observée chez différentes catégories d’abonnés (administratifs, industriels et ménages).

Cette baisse attire particulièrement notre attention puisque à long terme, sans aucune mesure anticipative, nous pensons que les pouvoirs publics développeraient des infrastructures sans intérêt véritable pour la population. En d’autres termes, ce rythme effréné de recherche des financements, visant la plupart du temps à accroitre l’offre en eau (Plan directeur de l’hydraulique urbaine et périurbaine, 2012), devrait également tenir compte de l’évolution de la demande, afin d’optimiser la durabilité des investissements mis en œuvre pour la construction de nouvelles installations d’adduction d’eau.

Notre objectif durant ce stage a donc été de collecter les données nécessaires, pour comprendre et expliquer ce phénomène d’inadéquation entre l’offre et la demande d’eau qui pointe à l’horizon, afin d’attirer l’attention des décideurs nationaux.

Au final, nous estimons que le défi a été relevé. Les analyses statistiques et modèles conceptuels ont servi à prouver que la baisse des consommations est bel et bien graduelle, et même, qu’elle se poursuivrait dans certaines zones identifiées sur les deux prochaines années. L’explication de ce changement de tendance est liée aux coupures d’eau fréquentes que subissent de nombreux ménages abonnés. En effet, ces habitants privés d’eau au quotidien et souvent sur de longues périodes (une semaine ou des mois) commencent à se tourner vers des ressources d’eau alternatives, tels des puits ou encore des forages.

C’est pourquoi dans une ville comme Yaoundé, capitale politique du pays, on a observé de grandes disparités en matière de consommation d’eau entre différents quartiers. Par exemple, une consommation moyenne mensuelle de 10l/jr/hbt en zone périurbaine, soit dix fois moins que celle d’un résident de quartier urbain (120l/jr/hbt). A l’échelle des régions, les Centre-Sud-Est figurent au premier rang des régions tournées le plus vers ces moyens d’approvisionnement en eau subsidiaires. Ce qui est fort déplorable car rappelons-le, la région de l’Est spécifiquement, est réputée pour être le berceau de l’activité minière au Cameroun. De fait, les ressources en eau (surface et souterraine) qui s’y trouvent, sont à la fois vulnérables et peu recommandables pour les populations locales.

Toutefois, nous espérons que les recommandations formulées à l’issue de ce modeste travail pourront servir dans l’orientation des décisions avenir.

Nous avons en marge du travail réalisé, échangé avec plusieurs responsables des administrations publiques (Institut Nationale de la Statistique, Communauté Urbaine de Yaoundé), pour besoin d’informations et de données plus précisément. Nous gardons de l’image de nos différents interlocuteurs, des citoyens qui s’intéressent à la question épineuse de l’accès à l’eau potable dans le pays. Les entretiens ont été très riches d’enseignements, nous avons souvent appris des choses que la population vit au quotidien, ainsi que leur point de vue pour que les choses s’améliorent.

L’option eau et société est le parcours que j’ai choisie parmi sept autres que propose le master Eau. Il est Co accrédité par les établissements dAgroParistech, de SupaAgro, et de l’Université de Montpellier. Son but ultime est de répondre aux enjeux de gestion de l’eau en conciliant à l’aspect physique de la ressource, le volet social. De fait, plusieurs disciplines sont mobilisées : ce qui lui vaut d’ailleurs son caractère pluridisciplinaire. A titre personnelle, je pense que la formation est assez bien adaptée pour répondre aux défis actuels de l’accès à l’eau potable dans des pays en développement.

Pour ponctuer cette première question, je dirais simplement que les connaissances acquises, les méthodes développées, les outils et techniques appris durant ces deux ans de formation m’ont permis de renforcer mon background d’ingénieur. Désormais, je ne saurais aborder une problématique liée à l’eau sans toutefois tenir compte du confluent social.

 

Comment avez-vous connu l’Agence universitaire de la Francophonie ?

J’ai connu l’AUF il y a bien des années à travers internet, lors de mes premières recherches de bourse pour le financement d’une formation à l’étranger. Mais hélas, je me suis aperçue que l’agence n’offrait pas des bourses pour le financement des études de longues durées en France.

Pour la présente opportunité, je suis informée par Mme Cécile Durand qui est chargée des projets attractivités dans le Service des Relations Internationales et des Langues (SRIL), de l’établissement SupAgro où j’ai été en inscription principale. En étant à la recherche d’un financement pour mon stage à l’étranger non rémunéré, elle m’a présenté l’AUF comme une agence pouvant éventuellement financer certaines charges à supporter dans le cadre de mes travaux.

 

Quel a été l’apport de l’AUF dans votre parcours ?

Ce que je dirais est que L’AUF a en quelque sorte contribué à l’accomplissement de mon rêve. En proposant un tel sujet, mon ambition première était de commencer à le traiter en master, mais surtout de le poursuivre en thèse de Doctorat. Sans moyens financiers je ne pense pas que j’y serais parvenue.

Les frais de mobilité m’ont pratiquement aidé à supporter les dépenses quotidiennes, ainsi que les charges ponctuelles, puisque mon lieu de stage était différent de ma ville d’origine. Ainsi j’ai pu régler les frais de loyer mensuel, souscrire à des abonnements internet et forfait téléphonique, régler mes factures, frais de déplacement etc… Je ne peux que réitérer mes remerciements à toute l’équipe de l’AUF, spécialement aux membres du jury qui ont retenu mon dossier de candidature.

Un autre organisme qui m’a soutenu durant mon parcours académique en France est la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER). Par le biais de Mme Elisabeth Mutel qui est délégué vie étudiante à SupAgro, j’ai pu bénéficier après que ma demande ait été étudiée par un comité ad hoc, d’une aide ponctuelle qui m’a permis de régulariser ma situation financière face à certains engagements.

Un autre organisme qui m’a également soutenu à ma première année de stage de master est le Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires de Montpellier (Crous). Sa provision financière a servi à couvrir des frais de déplacement pour mon stage non rémunéré dans un institut de recherche à l’étranger.

Quels sont vos projets universitaires et professionnels pour le futur ?

Mes projets avenirs sur ces deux plans respectifs sont très ambitieux : D’une part je compte m’inscrire en thèse de doctorat, puis après obtention de ce grade, exercer comme consultante dans des organismes internationaux. Parallèlement à ce parcours que je qualifierais de classique, je suis en train de monter une petite startup avec des jeunes qualifiés de mon pays (informaticien, hydraulicien …), afin de réfléchir à un outil dont le prototype servira simultanément à soutenir la demande d’eau en cas de coupure dans certaines villes ou quartiers, à réduire les inondations dans certaines zones à risque, notamment en centre urbain des capitales, enfin, à substituer la distribution d’énergie électrique quelques fois problématiques dans nos villes. Le projet est en phase de conception.

J’espère pouvoir me tourner très bientôt vers l’AUF pour solliciter à nouveau son appui et soutien financier pour le mettre à exécution. Car j’aimerais encore le rappeler dans cette interview, les ressources matérielles, les moyens financiers, la logistique sont des éléments basiques et indispensables pour l’accomplissement d’un travail de bonne qualité.

 

 

Date de publication : 08/10/2018

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